Tropique de la rade

Végétation tropicale © JB Pelardon

OÙ ?

Au-dessus de la végétation luxuriante, le soleil militerait pour les tropiques. Les cases dans la fournaise, le vert abondant et la mer caraïbe. L’îlet de Saint-Leger-les-Feuilles peut-être, où l’enfant Alexis, pressentant déjà Saint-John Perse, s’inventait en Guadeloupe des images à Crusoé : “Et tu songes aux nuées pures sur ton île, quand l’aube verte s’élucide au sein des eaux mystérieuses.”

Le requin, lui, pencherait plutôt vers la Réunion, les arbres au vent comme de la mousse et le bleu mascareigne. Kenneth White le Celte divague sur la mer des lumières, des Seychelles à Maurice, dans la compagnie des cris d’oiseaux “qui contiennent à la fois toutes les larmes des choses, tout le vide de l’espace, et toute la beauté plaintive de cette terre précaire”.

Ou bien à l’autre bout de la terre, l’équipée immobile de Jean Échenoz – y fut-il seulement ? – sur les pentes malaises tombées vers la mer.

À moins, à moins que cette silhouette de femme descendant encore quelques degrés dans ce qui reste de lumière mexicaine – le voilier à l’ancre l’attend-elle ? – ne soit celle d’Yvonne fuyant le Consul, de Jan Gabrial fuyant Malcolm Lowry vautré sur la terrasse du cabanon au-dessous du volcan, saoul d’encre et de mescal…

Cabanon des tropiques © JB Pelardon

Bref, c’est un quelque part avec vue où il ferait bon se retirer un temps pour écrire, à la place de ces petites choses confuses, cette grande chose impérative dont on bassine son entourage depuis si longtemps qu’il est sans doute trop tard ; sauf si l’on nous y contraint – prouesse acrobatique – les yeux dans les yeux en nous bottant le cul.

On se remettrait alors à fumer, on prendrait garde aux alcools de grain.

Ici (plan), sur le sentier des Douaniers, au-dessus de l’anse San Peyre au Pradet (Var) – ou bien ailleurs.

 

 


Texte : Didier Lamare / Photos : JB Pelardon

Laisser un commentaire